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Ane d'antan

Saint lo jeune laitiere 2

D'après des témoignages vécus ou écrits, l'âne n'a cessé de faire partie de l'entourage immédiat de l'homme, mais aussi des dieux et des rois, comme à Rome, où les nobles se déplaçaient dans des attelages d'ânes.

 

Autrefois, l'âne était un animal plus de consommation que de travail et encore moins de loisirs. Sa peau, très fine, très solide, dure et élastique, servait une fois tannée, à fabriquer tambours, cribles, souliers… ainsi qu'à la fabrication d'épais parchemins. Avec les os, les hommes fabriquaient des instruments de musique. La chair des ânes a été diversement appréciée suivant les époques et les contrées. Ainsi, dans la Bible, il est dit que la viande de l'âne ne doit pas être consommée, car elle est considérée comme impure. En revanche, les Grecs et les Romains la consommaient. En France, elle servait à confectionner des saucissons. On débitait toujours sa viande en Provence avant la dernière guerre mondiale. Sur la face, les muscles des ânes sont plus épais et plus rouges que chez le cheval. Certains reconnaissent à cette viande une qualité supérieure à celle du cheval, alors que d'autres la trouvent plus dure et plus insipide et la considèrent comme inconsommable au vu de sa qualité sanitaire.

En France, du temps où la télévision n’existait pas, la rue servait de théâtre géant. Un joueur d’orgue à Bordeaux animait la rue avec un petit âne tirant son instrument de musique. Bien sûr, il n’était pas le seul à faire ce type de spectacle.

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Jusqu'au début du siècle, c'étaient les ânes qui tiraient les voitures des laitiers, marchands de toiles cirées, charbonniers ou maraîchers. Pour immobiliser l'animal au moment de l'arrêt, une corde était fixée à l'anneau du licol et nouée à un poids de 10 kg et plus, simplement posé à terre. Le poids était reposé dans la voiture après avoir dénoué la longe. A Berck Plage, c'étaient les ânes qui emmenaient les malades respirer les embruns de la mer. En Bretagne, la récolte du goémon était assurée par des attelages d'ânes, bien souvent attelés en tandem.

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 Âne à Berck Plage attelé à un lit de malade

 

Utilisé un peu partout, l'âne était sélectionné en fonction des besoins : le Grand Noir du Berry tractait les chalands, le Pyrénéen transportait le bois des scieries landaises, le Bourbonnais transportait l'eau, le charbon ou œuvrait aux travaux agricoles, le Normand et le Cotentin transportaient le lait, faisait les travaux de maraichage et transportait le goémon ou le sable. Il a même été vu des ânes attelés avec un dromadaire, un cheval ou un bœuf.

C'est en 1965 que les courses d'ânes ont commencé. Ils étaient montés et attelés à des carrioles ou sulkys. Le cirque aussi a su exhibé cet équidé en réalisant des numéros comiques. En 1860, l'âne "Rigolo" faisait rire les Parisiens au cirque Napoléon.

Au XIXème siècle, les marais salants produisaient annuellement environ 30 000 tonnes de sel. Ainsi, l'histoire des ânes en culotte de l'Ile de Ré est étroitement liée à celle des Rétais.

 Ane en culotte ile de re
 Âne en culotte de l'Ile de Ré

 

Les ânes étaient utilisés  pour transporter le sel et ces derniers subissaient sans arrêt l'assaut des mouches et moustiques pullulant dans ces endroits humides. Afin de les protéger des piqûres, les femmes, qui conduisaient le plus souvent ces montures, leur confectionnèrent une sorte de pantalon en toile à carreaux.

De nos jours, il ne reste que quelques ânes culottés pour le folklore, qu'il est possible de voir aux environs de Saint Martin en Ré ainsi que sur quelques fêtes asiniennes un peu partout en France.

Les mules et mulets étaient aussi très utilisés et appréciés. Leur provenance venait de l'accouplement d'un baudet avec une jument dite "mulassière" :

  • Pour obtenir ce croisement, cela ne se fait pas aussi facilement, car de nombreux ânes délaissent la jument, même si elle est en chaleur. Pour stimuler le baudet, les anciens provoquaient le "baudouinage", grâce à un cérémonial complexe : ils jouaient du violon ou psalmodiaient longuement des paroles à deux syllabes, accompagnées de bruits de chaîne. Comme la jument était plus grande que l'âne, elle était placée légèrement en contrebas d'une pente pour favoriser l'accouplement. Et cela marchait dit-on!!
  • Un an après, naît un petit "muleton" qui, à un an, devient un "jeton" ou "giton". Puis à deux ans, il devient un "doublon".

Dans l'antiquité, les ânes approvisionnaient en vivres et en munitions les guerriers, et particulièrement dans l'armée d'Alexandre le Grand. Durant les guerres, ce sont encore eux qui ont été choisis en raison du terrain ou de pénurie d'engins motorisés pour apporter les vivres, le matériel et les munitions. Du XVIIème au XIXème siècle, c'est principalement l'armée qui, en France, a été grosse demandeuse de mulets pour le transport ou la traction des pièces d'artillerie lourde. Les chasseurs alpins étaient de grands consommateurs d'ânes car leur sûreté de pied permettait de passer par les sentiers extrêmement escarpés.. Des régions entières se spécialisèrent dans l'élevage, dont le Poitou, avec son célèbre "Baudet" qui se distingua tout particulièrement.

Parce que les pigeons ne supportaient pas les chevaux, les soldats français utilisèrent des mulets et des ânes lors de la première expérience d'un service colombophile français au Maroc, pendant la Grande Guerre. Certains petits ânes sont descendus dans les mines pour tirer les wagonnets de minerais, alors que les plus grands et plus puissants tractaient les tramways en Egypte.

Les ecclésiastiques et les magistrats du Moyen-âge, utilisaient aussi les mules qui étaient leurs montures préférées.

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Chaise à mules

 

La mulasserie, nom de l'art de faire naître mules et mulets, trouverait ses origine en Perse, environ 3 500 avant J.-C..

Alors que les Scythes, montés sur leurs petits chevaux venus d'Asie centrale, envahissaient la Perse, voici que leurs montures étaient détournées de leurs obligations guerrières par quelques petits étalons aux grandes oreilles, bruyants et entreprenants. Ces petits mâles ont dû bien plaire à ces visiteuses orientales, puisque celles-ci mirent au monde de drôles de poulains qui s'avérèrent riches de qualités insoupçonnées... l'art de la mulasserie était né.

Au cours des siècles, de Perses en Grecs, de Grecs en Romains et en tribus gauloises, la mule et le mulet s'imposent. Accompagnant les armées d'Alexandre le Grand, franchissant les cols alpins avec César, tenant le siège devant Gergovie, le sort de multiples batailles sera déterminé par la présence de cet auxiliaire devenu indispensable. Tout autour du bassin méditerranéen, malgré les interdits bibliques qui condamnent les accouplements entre espèces différentes, la mule deviendra rapidement un auxiliaire indispensable pour tous les travaux agricoles, et les corvées de portage!

En Espagne, c'est de la folie ! On se les arrache ! Les mules, de ligne plus harmonieuses que les mâles, deviennent des bêtes de luxe que les aristocrates s'honorent de détenir. Philippe V possède six carrosses attelés chacun à six mules richement harnachées de cordons de soie.

Les qualités de cet hybride sont tellement appréciées aux royaumes d'Espagne et de France, la demande est telle que la pérennité de certaines races de chevaux s'en trouve mise en danger et que les armées viennent à manquer de chevaux ! Au XVIIIème siècle, en Andalousie comme en France, une loi interdira un temps l'accouplement de l'âne avec les juments ayant plus de quatre pieds de hauteur...

Dès le moyen âge, la production de mules est donc devenue une véritable production "industrieuse". Une race de chevaux, dite race mulassière est ainsi développée, par croisement de races flamandes et françaises spécialement pour obtenir des juments adaptées à la mise bas de mules et mulets de qualité.

On retrouve la mule, “se piquant de Noblesse“ avec La Fontaine. En Amérique à la conquête de l'ouest et en Californie, avec les chercheurs d'or. En 1912, avec l'explorateur Scott, sur les glaces de l'Antarctique, tirant des luges chargées de 300kg de matériel. A Lisbonne attelés aux premiers tramways... Partout, le mulet, au cours des âges s'est imposé comme un compagnon remarquable et étonnant de l'aventure humaine et un acteur déterminant de l'histoire des nations.

 

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Date de dernière mise à jour : 15/04/2020